Atténuation du changement climatique

À la COP28, la réduction des émissions de méthane provenant du gaspillage alimentaire est essentielle pour atteindre les objectifs climatiques mondiaux

Plus d’un tiers de la nourriture produite dans le monde n’est jamais consommée. De la ferme à l'assiette, 1,3 milliard de tonnes de nourriture sont perdues ou gaspillées chaque année tout au long de la chaîne d'approvisionnement : dans les fermes, les ports, les installations de transformation et de fabrication, les détaillants, les restaurants et les foyers. Non seulement l’ampleur des pertes et gaspillages alimentaires est insondable puisque 735 millions de personnes dans le monde sont confrontées à la faim, mais les pertes et gaspillages alimentaires représentent 8 à 10% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, soit environ quatre fois les émissions de l’industrie aéronautique mondiale. La réduction des pertes et gaspillages et des émissions associées est essentielle pour remettre le monde sur la bonne voie pour atteindre les objectifs climatiques fixés par le Accord de Paris et empêcher un réchauffement climatique supérieur à 1,5 °C.

Comment les pertes et gaspillages alimentaires contribuent-ils aux émissions de méthane ?

Une grande partie des émissions de gaz à effet de serre dues aux PGA sont rejetées dans des décharges où les aliments ne peuvent pas se décomposer correctement. Dans les décharges, les aliments se décomposent lentement et libèrent du méthane, un puissant gaz à effet de serre dont le potentiel de réchauffement climatique est 86 fois supérieur à celui du dioxyde de carbone (sur une période de 20 ans), ce qui signifie que le méthane accélère le réchauffement climatique. Pire encore, les concentrations de méthane dans l’atmosphère ont augmenté rapidement ces dernières années. C'est pourquoi la réduction du méthane est l'un des moyens les plus efficaces d'inverser le changement climatique à court terme.

Selon le Fondation ClimateWorks, les systèmes alimentaires représentent environ 60% des émissions mondiales de méthane, et les émissions liées aux PGA en représentent 20%. Même si ce pourcentage peut être inférieur à celui des émissions provenant d’autres parties du système alimentaire, la réduction des pertes et du gaspillage alimentaires reste néanmoins une stratégie climatique essentielle qui peut être mise en œuvre immédiatement et qui a un impact substantiel.

Une opportunité d’agir contre le méthane à la COP28

La lutte contre les émissions de méthane doit être une priorité COP28, la conférence des Nations Unies sur le climat 2023 qui se déroulera du 30 novembre au 12 décembre. Lors de la COP de cette année, il y aura un « bilan mondial », une évaluation des progrès climatiques réalisés depuis la signature de l'Accord de Paris par près de 200 pays en 2015. Des progrès limités ont été réalisés dans les domaines de la réduction des PGA et c'est pourquoi nous je demande que les actions suivantes soient prises lors de la COP28 :

  • Tous les pays doivent intégrer les pertes et gaspillages dans les contributions déterminées au niveau national (CDN) à court et à long terme ou dans les plans climatiques nationaux, avec des actions, des objectifs et des indicateurs spécifiques. Aujourd’hui, seuls 21 pays mentionnent les pertes et gaspillages alimentaires dans leurs CDN, et plus de la moitié des pays dotés de plans nationaux sur le climat n’ont pas inclus de mesures visant à réduire les émissions de méthane provenant des déchets organiques.
  • Les secteurs privé et public doivent investir pour transformer rapidement les systèmes alimentaires et intensifier les innovations afin de réduire les pertes et le gaspillage alimentaires. Actuellement, seulement 3 % du financement climatique mondial est investi dans les systèmes alimentaires, selon le Alliance mondiale pour l'avenir de l'alimentation.
  • Les pays devraient mettre en œuvre des banques alimentaires pour lutter contre le gaspillage alimentaire, les émissions de méthane et la faim. Les banques alimentaires existent déjà dans le monde entier, dans les systèmes et contextes alimentaires régionaux.

Comment GFN et les banques alimentaires réduisent les émissions de méthane

Au Global FoodBanking Network (GFN), nous faisons notre part pour combler les lacunes en matière de suivi et de données concernant les émissions de méthane évitées grâce à la récupération alimentaire par les banques alimentaires du monde entier. Novembre dernier, GFN a reçu un investissement important par le Hub mondial du méthane, qui financent un projet pilote visant à développer une méthodologie permettant de quantifier les réductions de méthane. Une fois qu’une méthodologie robuste et crédible est en place, les banques alimentaires et autres organisations qui récupèrent et redistribuent les surplus alimentaires peuvent prouver l’efficacité de leurs actions pour atténuer le méthane. Le GFN peut ensuite évaluer l'ampleur des efforts des banques alimentaires pour réduire le méthane dans le monde et partager ces informations avec les gouvernements et les acteurs du secteur privé afin de garantir un investissement plus important dans les banques alimentaires et leur inclusion dans les stratégies d'action climatique.

Nous savons que lutter contre les pertes et le gaspillage alimentaires est non seulement crucial pour atténuer les émissions de méthane, mais également pour atteindre les objectifs plus larges de durabilité énoncés dans l’Accord de Paris. En réduisant le gaspillage alimentaire grâce à des technologies et des interventions innovantes, une meilleure gestion de la chaîne d’approvisionnement ou une coopération mondiale en matière de climat, le monde peut simultanément réduire les émissions de méthane et d’autres gaz à effet de serre, conserver les ressources et promouvoir un système alimentaire plus durable et plus résilient. Alors que la COP28 approche à grands pas et que les niveaux de pertes et gaspillages restent bien trop élevés, il n'y a pas de temps à perdre.

 

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